RETOUR DIFFICILE DES EMIGRES CLANDESTINS : Comment faire face aux regards des parents et voisins

Publié le par sunudiaspora

L'émigration clandestine, un véritable drame qui a fait officiellement plus d'un millier de morts dans les rangs de jeunes Sénégalais qui avaient pris la mer pour rallier l'Espagne ou l'Italie. Ceux qui y sont arrivés hésitent à revenir, malgré les dures conditions de vie en Europe. Le regard des parents et voisins au Sénégal y est pour beaucoup. La sensibilisation et l’insertion professionnelles sont des solutions proposées. 

Thiaroye-Sur-Mer n’est pas loin d’être la localité qui a fourni le plus important contingent de jeunes Sénégalais embarqués dans des pirogues de fortune pour l’Espagne. Dans cette localité de la banlieue dakaroise, le drame se vit au quotidien avec des jeunes dont les parents n'ont plus de nouvelles. Si d'aucuns se sont résolus à organiser des funérailles, d'autres attendent toujours et continuent de s'agripper à un mince espoir de revoir leurs fils.

Une situation douloureuse. Et pourtant ceux qui ont réussi à atteindre l'Espagne ne sont guère mieux lotis. Là-bas, ils vivent dans des conditions peu enviables. Et malgré les opérations «Retour au pays» déclenchées par les pays d'accueil, ils hésitent encore à rentrer au bercail. Les raisons avancées sont multiples, mais selon des études menées par le projet "Returnet" et le Collectif des femmes pour la lutte contre l'émigration clandestine, c'est plus le regard de leurs communautés d'origine qu'ils vont devoir affronter qui est à l'origine du refus de certains émigrés de revenir au pays. Car le retour d'un émigré est un choix difficile compte tenu des complexités socioculturelles au Sénégal.

C'est fort de ce constat que de jeunes émigrés expulsés d'Espagne et d'Italie, ou revenus volontairement au pays, ont décidé, avec l'appui du Collectif des femmes pour la lutte contre l'émigration clandestine, de sensibiliser les communautés d'origine des émigrants. C’est pour les amener à changer le regard qu'elles portent sur leurs fils partis chercher fortune à l'étranger et revenus bredouille.

Hier, la première journée de sensibilisation a eu lieu à Thiaroye-Sur-Mer. Une journée au cours de laquelle de jeunes Sénégalais qui avaient emprunté les pirogues ont fait des témoignages émouvants avec, à la clé, des demandes «pathétiques» adressées au gouvernement du Sénégal pour qu'il joue sa partition. En effet, l'Union européenne (Ue), prête à financer certains projets liés à la sensibilisation des communautés d'origine des émigrés, hésite un peu et réclame l'onction des autorités sénégalaises. «L'Etat nous bloque en refusant de verser sa contrepartie», ont dénoncé les participants à la manifestation d'hier. Toutefois, les jeunes de Thiaroye-Sur-Mer ont ainsi reçu l'assurance de partenaires Espagnols, Italiens et des responsables de l'Union européenne pour une formation professionnelle afin que le retour de l'émigré expulsé d'Europe ne soit plus considéré comme un échec par sa communauté d'origine. De son côté, la Confédération des entreprises sénégalaises (Confesen) s'est engagée avec des partenaires Italiens, Espagnols et Sénégalais, dont l'Ong Coopi, à créer un tissu économique pour une réintégration durable des immigrés candidats au retour ou expulsés des pays d'accueil. «A défaut, ça va être la reprise de l'émigration clandestine», ont averti les jeunes.

 

  Auteur: ALASSANE HANNE

Publié dans Actualités

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