LOUGA, VILLE D’ÉMIGRÉS : Comment les familles souffrent de la loi restrictive italienne sur les transferts d’argent

Publié le par sunudiaspora

 

Louga, ville d’émigrés, vit pleinement la crise économique mondiale. La récente loi restrictive italienne sur les transferts d’argent par les immigrés en rajoute à la morosité.


Les nombreuses familles lougatoises qui vivaient dans un faste entretenu par leurs parents émigrés en Europe, précisément en Italie pour la plupart, broient du noir. Elles subissent aujourd’hui les contrecoups de la crise financière et économique internationale. La nouvelle loi italienne sur les transferts d’argent des expatriés vient accentuer la morosité dans la Ndiambour.

 

Les centaines d’euros envoyées à Louga pour assurer la dépense quotidienne deviennent aussi rare que le diamant. Cette dame a trois de ses enfants émigrés en Italie depuis une dizaine d’années. Elle ne veut pas entendre parler de crise économique. La mère de famille pensait plutôt que son fils aîné, qui lui a payé le billet pour le pèlerinage à La Mecque et mis à sa disposition une grande maison, l’avait délaissé. «Je pensais, au début, que mon fils aîné était dans autre chose et dépensait son argent sans s’occuper de sa famille. C’est quand il est venu au Sénégal pour les besoins du Grand Magal de Touba que j’ai su, après discussions avec lui, qu’il est dans la galère en Europe», explique-t-elle.

 

Un tour dans les différentes agences de transferts d’argent renseigne sur la gravité de la situation. «Les familles qui recevaient de grosses sommes d’argent de la part de leurs parents émigrés sont nombreuses. Mais depuis un certain temps, les montants des envois ont considérablement diminué», confie une employée d’une agence, sous le couvert de l’anonymat. Sa consœur renchérit : «J’ai une cliente qui, depuis deux ans et demi que je suis là, recevait chaque mois pas moins de deux millions de la part de ses fils émigrés. Elle gère un magasin et tous les articles vendus dans cette boutique proviennent d’Italie. Cette dame m’a confié qu’elle a vendu le magasin, car l’entretien de la famille coûte cher et deux de ses fils pensent à rentrer au bercail.»

 

Du riz plutôt que du ciment

 

Il arrive que le fils «cloué» en Europe reporte le mariage ou le baptême à une date ultérieure. Et de report en report, la cérémonie finit par se tenir dans la plus grande sobriété, fait savoir une interlocutrice. Chez les commerçants, les sacs de riz ont supplanté les sacs de ciments : «Les gens pensent plutôt à manger qu’à construire.»

 

Cheikh Sène vient de séjourner en Europe. Il suggère un plan de sauvetage pour aider les ressortissants sénégalais qui éprouvent des difficultés à se payer le billet de retour au Sénégal. «Ceux qui sont dans cette situation sont très nombreux. J’ai rencontré à la pelle des compatriotes qui veulent revenir au Sénégal», confie-t-il. Mais, alerte M. Sène, «ils n’ont pas d’argent pour se payer le billet et, aujourd’hui, l’Europe n’est plus ce qu’elle était pour nos parents émigrés». Selon lui, «cette nouvelle loi qui limite le montant des transferts d’argent à partir de l’Europe (plus précisément de l’Italie, ndlr), c’est la désolation et le retour pour beaucoup d’émigrés».

 

Auteur: KHALIL IBRAHIMA SENE

Lobservateur :    Jeudi 16 Jui 2009

Publié dans Actualités

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